• Une aventure extraordinaire est arrivée ce matin. J’ai vu par terre un journal, je l’ai ramassé et j’y ai lu plein de choses étonnantes. Il existerait une flopée de partis politiques dans ce pays. Je ne sais pas trop à quoi ils servent, mais ils ont plein de noms rigolos.

    À ce qu’il parait, il y eut une grande kermesse où chaque troupe a tiré au sort un nom de parti. Je regrette de ne pas avoir été informé du lieu de cette assemblée. J’aurais aimé voir leurs grimaces quand on leur annonçait le nom absurde qu’ils allaient devoir se coltiner.

    Selon mes sources, une personne, m’a-t-on dit, aurait tiré Front National ! La pauvre […] Alors qu’elle avait réussi à épurer sa structure, elle se retrouve à la tête d’un Front formé d’un seul parti. Dans ce bord, il y aurait eu aussi un fameux club des nantis. Celui-ci aurait gagné le lot Union pour un Mouvement Populaire. J’espère pour eux qu’ils ne devront pas côtoyer ensuite ce mouvement de la populace quand il sera crée. Le taux de suicide grimperait aussi vite que la dette étatique. Imaginez aussi le désarroi de celui à qui le titre de Parti Socialiste a été décerné. Cette obscure expression se base sur une simple idée abstraite : collectivité. On m’a certifié que bien évidemment aucun membre de ce parti n’a jamais souhaité, même dans leur pire cauchemar, l’abomination suprême de voir les moyens de production collectivisés. Une autre aurait obtenu un patchwork de terme, dont je ne sais pas ce qu’elle pourrait en faire : une couleur pour faire Jolie, un continent pour faire Grand et le nom d’une matière scientifique. Peut-être, va-t-elle devoir regrouper les enseignants des matières scientifiques européens s’habillant en vert. Son principal ennemi sera certainement le conglomérat des professeurs d’informatique voulant imposer des modems partout. S’appuyant sur internet - qui serait si je me fie à ma boulangère, un outil de communication d’avant-garde capable de relier Paris à Beyrouth-, il souhaiterait créer une sorte de mouvement démocratique, quelque chose qui ressemblerait à un parti politique suivant le concept cher à ce régime dit « démocratique ». Sur un autre front, un autre réunirait tous les gens qui sont plus à gauche que l’Est. Ils ont l’air sympas, afin d’être sûr d’être à gauche, ils tournent en rond et attrapent le tournis, puis tombent par terre. Moi j’ai essayé, j’ai bien vomi.

    Pis, il y en aurait plein d’autres qui ont des noms encore plus abracadabrantesques, dont une qui veut arriver jusqu’à 21. Mais elle n’a pas dis 21 quoi. Je crois que c’est à le page 21 d’un livre de C.A.P.

    Il faut que je les oublie tous un instant, car je crois que mon crâne va exploser. Toutes ces satanées marques qui défilent dans ma tête, qui m’agressent et me tiennent par le bras en répétant inlassablement ces mêmes mots, « vos thés pour moi ». Ah !!! Au secours !!!

    Je suis certain qu’ils font tous partis de la secte des candides assoiffés, mais ils ne peuvent pas me laisser dormir. Mon voisin de la chambre d’à côté m’a dit qu’ils le harcèlent sporadiquement depuis des années, mais qu’ils ne sont pas bien méchants, dés qu’ils ont leurs thés, ils cessent de te hanter. Mais moi, je ne veux pas leur en donner, … Je vais donc essayer de comprendre qui ils sont, pour garder mes thés et ma haine.


  • Cette nuit, j’ai fait un horrible cauchemar. J’étais poursuivi par tous ces voleurs de thé et une meute de gens les accompagnait. Heureusement, j’ai réussi à me casher derrière un juif. Puis, profitant d’une période d’accalmie, je lui demandais pourquoi des milliers de gens suivaient aveuglément ces escrocs. Il me répondit que cette foule s’imagine que ces marchands sont leurs maîtres. Bien qu’individuellement, ils se prétendent tous libres, ils demeurent obnubilés par leurs faits et gestes, à tel point que leur vie entière est régie par eux. Il poursuivit en me fournissant sous le sceau du secret, des informations fondamentales sur la véritable recette du gloubi-boulga. Malheureusement, je me suis réveillé avant d’avoir découvert ce fabuleux mystère.

    Au petit matin, par le plus grand des hasards, je suis entré dans un kiosque où fortuitement étaient empilés tous ces journaux qui effraient en colportant d’étranges rumeurs. J’en pris un au pifomètre. Comme tous les jours dans ce quotidien insipide, les mêmes abominations étaient présentes. J’y lus aussi qu’on approchait d’une grande festivité qui a lieu tous les cinq ans. Le clou du spectacle intervient lorsque l’Hermès télévisuel nomme le roi ou la reine des fous, d’après un mystérieux calcul.

    Avant cette date fatidique, pour que les enfants emmènent bien leurs parents à cette mascarade, chaque grossiste distribue des prospectus à la sortie des écoles; lesquels expliquent qu’il est le meilleur. Certainement, ont-ils tous raison. Ils sont si sincères. Je ne peux que les croire.  

    En rentrant chez moi, j’étais tout triste. J’avais ramassé plein de ces papiers avec des photos retouchées, mais ils avaient sûrement été jetés il y a fort longtemps. À l’intérieur, que de phrases périmées, moult propositions et promesses pour que la tête d’affiche soit présidente de cette fête.

    Or, horreur et putréfaction, elles sont impossibles !

    C’est mon avocat qui me l’a dit. Il m’a expliqué que le président possède deux grandes prérogatives : la politique étrangère ainsi que la garantie des institutions et de la constitution. Pourtant, dans leurs feuilles de choux, ils n’en parlent presque jamais. Peut-être sont-ils en accord sur ces questions ? Ils préfèrent traiter de sujets vagues qui sont du ressort du gouvernement. Or, en cette Cinquième République, les présidents ne peuvent ni le nommer, ni le contrôler. Bizarre, bizarre…

    Tous ces voleurs de thés essayent donc de me berner en me faisant croire qu’un bout de papier avec leurs noms vaut tous mes sachets. Si au moins ils y dessinaient de beaux dessins, cela se négocierait. Mais au lieu de cela, ils écrivent des phrases incohérentes, suivant toujours le même leitmotiv. Ils essaient de m’apitoyer en parlant d’une crise qui se soignerait chez eux par la boisson. Mais, si d’autres en boivent plus qu’eux, la crise de boisson sera générale.

    Je n’ai pas compris le rapport. Bien au contraire, si on continue à leur donner nos thés, la crise ne peut que s’étendre.


  • Partout, tout le temps, j’entends ces voleurs de thés. Ils essaient tous de m’attirer dans un guêpier avec leurs publicités. Leurs slogans rentrent dans ma tête et refusent d’en sortir lorsque je le leur ordonne.

    Comme dans toutes les pubs, ils ne signifient rien, se rapportent à des idées vagues. Mis à part les deux d’extrême-gauche, ils sont tous interchangeables, à l’instar de leurs propriétaires.

    Au judo, je n’arrivais pas à me libérer de leurs emprises. J’en ai parlé à mon maître-jedi qui me remit ce petit fascicule :

     

    « Interprétation des slogans de campagne en compétition

    - Une candidate communiste réalisée par Arthaud. Succédant à l’immortelle Arlette, la nouvelle de LO a confondu communiste et trotskiste, et a enfilé le maillot de la mauvaise équipe.

    - Un pays uni, rien ne lui résiste de Bayrou. Cette union utopique n’est réalisable que par l’expulsion massive des réfractaires. De plus, cette formule se mord la queue : Rien ne résiste à un pays uni, si ce n’est tout autre pays uni. Il est étonnant que le candidat beyrouthin favorable à une véritable union européenne insiste sur le terme de « pays ».

    - Aimons la France joué par De Villepin. Le promoteur du noble patrimoine français se remémore cette grande période de libertinage qu’est le XVIIIème siècle.

    - Pour une France libre réalisé par Dupont-Aignan. Il suit la logique de son prédécesseur alphabétique, préparant ainsi la fusion amoureuse entre ces deux listes. 

    - Le changement, c’est maintenant d’Hollande. Un « maintenant » bien long. Il va devoir durer au moins jusqu’à l’élection d’avril. Le changement est difficilement incarné par un Hollandais qui en primaire, nous rabattait les oreilles avec sa fameuse expérience.

    - Le vote juste mis en scène par Joly. Cette jolie publicité est plus que limite. Elle renvoie l’image d’une enfant gâtée qui trouve que « c’est pas du juste » qu’elle n’ait pas tous les votes.

    - La voix du peuple, l’esprit de la France personnifiée par Le Pen. La voix du peuple ne peut qu’être incohérente, puisqu'elle regroupe de nombreuses tendances et idées différentes. Selon la Marianne du Pen, « l’identité nationale » recherchée par Guéant, serait donc le brouhaha populaire.

    - Les Français en confiance par Lepage. « Approchez-vous… N’ayez pas peur… Soyez en confiance… Laissez-vous faire… Je ne vais pas vous piquer… », susurra le serpent à le page 21 de la comédie présidentielle.

    - Prenez le pouvoir chanté par Mélenchon. Cet appel du pied du sinistro-frontiste se traduit par « si j’obtiens le pouvoir, il faut absolument que vous me le preniez ».

    - Aux capitalistes de payer leur crise de Poutou. Nulle Part Ailleurs, on trouve un slogan aussi individualiste. C’est bien le parti des avares qui ne veulent pas payer ?

    - La France forte orchestrée par Sarkozy. La France est en surpoids, suite à une indigestion sarkozyenne. Durant son règne, ce dernier a fait preuve d’une agitation effrayante si caractéristique de la force. »

     

    J’ai bien compris ce fascicule. J’en ai décodé le message subliminal.

    Les communistes et les capitalistes viennent juste de s’unir. Ils chantent maintenant à toute voix : « Confiance marchands, nous aimons le thé fort et nous avons le pouvoir de lui voler librement son stock. »

    Mais, cela n'arrivera pas car je veille…






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