• Le calvaire du car vert

    C’est la trêve, la trêve. Enfin la paix ! Je suis sauvé ! Ma fleuriste m’a enlevé mes lunettes de grisâtre. Je vois désormais que la vie n’est pas gueguegrise. Les gueguegens sont tetetetous ultra-gentils. Nous nous aimons, tousses. Stop ! Trop tard, la trêve des vaches a disparu. Ce petit répit a été obtenu grâce à un individu aux intentions suspectes qui a souhaité réveiller l’esprit des heures les plus bip biiiip biiiiiiiiiiiiiiiiiiiip de l’histoire de France. «Esprit es-tu là ? ». « Oui. Que me veux-tu ? » Me répond un métèque au nom explicite : Gustave Le Bon. Ce dernier a été le premier à m’affirmer qu’une personne a osé contester le fondement même de l’État-nation. Par une action parodique, il a rassemblé une foule folle autour de lui. La foule, par définition ne peut agir qu’instinctivement et non intellectuellement, ce qui facilite la manipulation des êtres. Or, argent et bronze, le chef a failli : il n’a pas ordonné la prise de l’opéra Bastille pour libérer l’âme d’artiste des bobos parisiens.  

    C’est alors que surgit une véritable idole médiatique, une personne seule conservant les caractéristiques fouliennes : absence d’esprit critique, pensée simpliste et exagérée, ainsi qu’une inconscience permettant l’accomplissement d’actions impossibles, donc françaises. Ce type foul a tenté d’appliquer un programme réellement révolutionnaire ; par une violence exacerbée, il a attaqué les symboles de l’État (armée, éducation) au grand dam des pseudo-révolutionnaires qui moutonnaient bêhhh bêhhhh dans la place. Je ne sais pas pourquoi une trêve fut alors décrétée. Peut-être pour protester contre l’apparition de l’inique (excuse-moi) mesure d’égalité du temps de paroles entre voleurs de thé.

    Robespierre qui occupait ma penderie perce mon siège alors. « Ouais ! Victoire ! Nous avons réussi l’union nationale ! Grâce à la haine, mon facteur unificateur préféré ! La Terreur est la seule chose qui nous rassemble ! Nous éradiquons un peu plus l’esprit chrétien de cette fille aînée de l’Église ! La charité (pardonner au criminel tout en condamnant le crime) n’a plus de raison d’être ! Seule la haine a pignon sur rue, elle permet de grimper la pente ! Ho hisse et hissez haut ! Heureusement que nos délicats militaires n’ont pas cherché à endormir le suspect (avec du gaz endormant simple d’utilisation quand il n’y a pas d’otage) ! Le "finis-le, allez achève-le" [référence à la recommandation policière juste avant la mort de Khaled Kelkal, Note 5/20] est toujours de mise ! La justice est remplacée par la vengeance ! On ébranle aussi cette autre structure étatique ! »

    Je suis devenu sourd, son mégaphone m'a percé les tympans. « Cet horrible individu à la solde des Rosbifs est vraiment un comploteur. C’est bien ce Robespierre financé par Pitt le Jeune le Premier Ministre anglais », entendis-je à la radio qui s’est miraculeusement allumée sur Radio Complot Numéro 1. Le speaker hypnotiseur m’a con-vaincu qu’il est le seul à pouvoir émettre des thèses farfelues. Il attendait simplement le résultat du jeu « À qui profite le crime ? » pour certifier les détails du complot. Le crime profite toujours aux bons récupérateurs. Il est obligatoirement variable dans le temps.

    Je vais donc devoir écouter tout le temps cette station de radio, ainsi je connaîtrai tous les complots. Le crime lui profitera car il lui donne une plus grande audience. Je créerai ensuite ma propre théorie et je les accuserai à mon tour. Puis, je serai accusé et je riposterai en accusant les marchands de thé. Ainsi, le billard se mordra la queue.

    « La onzième secondeNuit sans jour »

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